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Notice historique additionelle

Les trois grandes étapes par Michel Rougé et Jean Pierre Guérend

La guerre de 1939-1945 avait fait des millions de morts, soldats tués au combat, victimes civiles des bombardements, prisonniers de guerre, détenus des camps d’extermination. Elle avait fait des millions de personnes déplacées, déportés ou simple réfugiés. Elle avait multiplié dans le monde entier les affamés et les blessés – dans leur âme et dans leur chair.

Au sortir de ce cauchemar, le vœu unanime des rescapés, c’était : « Jamais plus la guerre ! » Ceux qui étaient chrétiens priaient pour qu’à l’avenir, ce fléau soit épargné à l’humanité. Beaucoup voulaient se réconcilier avec les ennemis d’avant en pensant qu’ils étaient aussi leurs frères. C’est dans cet esprit qu’en 1944, Mme Dortel-Claudot, une enseignante, et Mgr Théas, évêque de Montauban, en France, qui avait protesté contre les persécutions des Juifs, ont lancé PAX CHRISTI, association de prière et pionnier de la réconciliation franco-allemande.

• 1ère étape. Ce n’était pas, au début, un mouvement pour la paix au sens où on l’entend maintenant.

  Le pacifisme n’avait pas bonne réputation. On reprochait leur faiblesse et leur aveuglement à ceux qui n’avaient pas su s’opposer par la force à la montée du nazisme ; on exaltait, au contraire, le courage des combattants de la Résistance au nazisme. Les mesures de désarmement adoptées dans l’entre-deux-guerres et les politiques d’« apaisement » symbolisées par les accords de Munich étaient vues comme de coûteuses erreurs. La Société des Nations, prédécesseur de l’ONU, était un échec.

  Dans le monde catholique, la pensée dominante était que les fidèles ont le droit — et même souvent le devoir — de participer à un conflit armé, pourvu que celui-ci satisfasse aux critères de la « guerre juste ». Les catholiques que rassemblait PAX CHRISTI aspiraient de toute leur âme à un monde sans guerre, mais ils ne voyaient pas encore clairement comment construire une paix digne de ce nom.

• Une nouvelle étape a commencé en 1950.

  C’est l’année où le P. Bernard Lalande a pris en charge à plein temps la direction quotidienne du Mouvement et son animation, aux niveaux national et international. Il a été secrétaire international jusqu’en 1963 et délégué général de la section française jusqu’en 1976. Son rôle — décisif — a été d’élaborer la doctrine de PAX CHRISTI et de définir son programme, de préciser sa place dans l’Eglise, et de le doter de structures solides.

  Sans réduire la place de la prière dans la vie des militants, le P. Lalande a tenu à mettre aussi l’accent sur l’action, car la paix, disait-il, est “ à la fois don de Dieu et œuvre des hommes ”. Et il veillait à ce que l’action pour la paix s’appuie sur une connaissance approfondie des problèmes. Pour donner tout son sens à ce rapprochement indissociable de la prière, de l’étude et de l’action, il a fait travailler ensemble des jeunes et des aînés, des hommes et des femmes, des clercs et des laïcs, des militaires et des civils... Il a fait appel à des experts de premier plan, en particulier des spécialistes de la science politique et des théologiens. Ces travaux ont abouti à une conception dynamique de la paix, vue comme un progrès des sociétés humaines et de l’humanité entière vers plus de justice et de fraternité. Quatre domaines d’action prioritaire ont émergé : le désarmement (progressif et contrôlé), les droits de l’homme, le dialogue organisé au sein d’institutions internationales efficaces et le développement, qualifié de “ nouveau nom de la paix ”.

• A cette époque aussi, les réflexions de PAX CHRISTI ont fait apparaître que la construction de la paix est un aspect essentiel de la mission de l’Eglise et du rôle des chrétiens dans le monde. Ce qui était à l’origine une simple association de catholiques sans mandat s’est alors transformé en un mouvement d’Eglise, formellement investi par Pie XII, le 13 septembre 1952, de la mission de “ mettre en jeu les forces de paix accumulées dans l’Eglise et le monde catholique”. Pour souligner cette dimension ecclésiale, il a été décidé que les sections nationales auraient à leur tête un évêque, et que le président international serait également un évêque afin de montrer la dimension catholique, universelle, de l’Eglise...

• Deux événements ont marqué l’aboutissement de cette évolution.

  En 1963, Jean XXIII a publié l’encyclique “ Pacem in Terris, sur la paix entre toutes les nations, fondée sur la vérité, la justice, la charité, la liberté ”. La paix se construit avec tous les hommes de bonne volonté.

  En 1965, le Concile Vatican II a adopté la constitution pastorale “ Gaudium et Spes ” sur l’Eglise dans le monde de ce temps, dont un chapitre majeur est consacré à “ La sauvegarde de la paix et la construction de la communauté des nations ”. La foi et la paix vont ensemble. Etre chrétien c’est agir pour la paix.

  A Rome, Un Conseil pontifical Justice et Paix fut créé à l’initiative de Pax Christi.. Dans beaucoup de pays, des commissions “ Justice et Paix ” ont été établies pour donner effet à cet enseignement, complété chaque 1er janvier par un important Message du Pape pour la Journée mondiale de la paix.

• La situation de PAX CHRISTI a alors de nouveau changé.

  Après les sentiments qui avaient inspiré la naissance du Mouvement, la doctrine qu’il a contribué à élaborer est devenue le trésor commun de l’Eglise entière. De nouveaux acteurs ont surgi. L’action des chrétiens pour la paix se diversifie et se démultiplie.

  Le lecteur trouvera ci-dessous, après le récit des événements qui ont marqué les débuts, les activités et les initiatives du mouvement et son développement international, au cours des décennies suivantes.